mercredi 22 décembre 2010

Jean DUPUY

Art et écologie
Jean Dupuy

Image-haut.jpg Jean Dupuy, né le 22 novembre 1925 à Moulins dans l'Allier, est un artiste français.

 


 Son enfance

A 18 ans il rentre à l'École des beaux-arts de Paris, section architecture. Mais très vite (après seulement un an) il décida d'arreter ses études afin de se consacrer entièrement à la peinture : jusqu'à la fin des années 1940 il réalisera des peinture figuratives [archive].

 Le début de sa carrière

La carrière de Jean Dupuy commence dans les années 50 par une pratique de la peinture abstraite [archive] proche de l’Ecole de Paris. Il fréquente alors Jean Degottex (il se lie d'amitié avec lui), mais aussi Bernard Heidsieck. Il rejoint le groupe des peintres de l’Abstraction lyrique [archive]. En 1967, il s’installe à New York et il participe l’année suivante au concours "Experiment in Art & Technology" (E.A.T) lancé par Bill Klüver et Robert Rauschenberg. Sa pièce Heart Beats Dust, conçue comme une sculpture de poussière, remporte le premier prix, elle est exposée simultanément au Brooklyn Museum et au Moma. Les pulsions cardiaques d’un visiteur sont captées et amplifiées par un stéthoscope électronique qui agit aussitôt sur une membrane qui propulse, dans un faisceau lumineux en forme de cône à base pyramidale, un nuage de pigment organique rouge enfermé dans un caisson vitré. Le succès est immédiat !

 
 
Consécration

Il intègre la galerie Sonnabend et enseigne à la School of Visual Arts N.Y.C. Il entame alors une série de pièces aux fondements «technologiques» dont EAR (1972), qui permet à chaque visiteur de regarder le fond de sa propre oreille grâce à un mécanisme. Mais très vite il se lasse de l'enchainement des exposition La consécration
Il quitte sa galerie et organise en 1973 dans son studio au 405E, 13th St. une exposition avec une trentaine d’artistes dont Larry Rivers [archive], Claes Oldenburg [archive], Nam June Paik [archive], et même ses voisins de palier. Aucune oeuvre n’est à vendre, beaucoup sont invisibles, immatérielles comme celle de Gordon Matta Clark. L’opération se renouvellera trois années d’affilées. Jean Dupuy commence parallèlement à organiser des performances collectives dans lesquelles s’entrecroisent
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un grand nombre d’artistes, dont Richard Serra, Philip Glass ou Laurie Anderson. Ce sont les Three evenings on a revolving stage de la Judson Church, ou la mythique soirée Soup & tart à The Kitchen, qui réunit près de 300 personnes. Il se lie d’amitié avec George Maciunas [archive], ce qui fera dire de lui qu’il était un artiste fluxus [archive] alors qu’il ne l’a jamais été historiquement, sauf par affiliation momentanée durant ces quelques années. En 1978, il ouvre avec son épouse un restaurant, puis réduit à partir de 1979 ses activités liés à la performance. Il produit peu à peu des pièces aux mécanismes originaux comme Lazy Susan (1979), constituée d’une roue mobile (suspendue sur deux échelles) dont le roulement à bille est bloqué, mais qui, malgré tout, continue à tourner « paresseusement » en suivant le mouvement de la terre. Il écrit enfin ses premières anagrammes tel AMERICAN VENUS UNIQUE RED / UNIVERS ARDU EN MÉCANIQUE et devient Ypudu anagrammiste, inventant des textes mettant en scène des personnages tels que Léon bègue qui se joue du langage en s’imposant des équations de lettres. Ses textes - qui fonctionnent comme des partitions musicales à déchiffrer - deviennent au fil du temps des œuvres à part entière ou des livres d’artistes qu’il aime réaliser en série. Plus tard c'est la poésie qui va l'interessée. Jean Dupuy l’envisage d’abord comme système, ou contrainte, dans la tradition de l’OuLiPo [archive]. Il s’agit donc aussi, avec elle, de faire surgir des formes nouvelles, des modes d’association ou d’organisation du monde encore inédits. Mais tout l’attrait de la contrainte, en poésie, ne s’épuise pas, pour Jean Dupuy, à cette seule valeur de vérité. Ce qui l’y retient, encore, c’est le côté ludique qu’elle recèle en même temps. Au fil d’une combinatoire qui est aussi la mécanique d’une dérive, les anagrammes de Jean Dupuy explosent ainsi d’un humour devenu trop rare dans l’art d’aujourd’hui. Humour, sens de la blague, par où il se rapproche bien plutôt, si l’on veut, de ces primitifs de l’avant-garde, comme d’un Erik Satie qu’il aime à souvent citer.
En 1984, il quitte New York, et s’installe à Pierrefeu dans l’arrière-pays niçois, ou il réalise de grandes peintures anagrammatiques sur toiles et différents objets utilisant souvent optiques et moteurs. Il commence également à réaliser des œuvres composées par des cailloux et galets ramassés au gré de ses promenades.


Les années 2000

Plusieurs expositions lui seront consacrées en 2003 telles que : Looking at stones, à la galerie Emily Harvey, New York ; Analogies, à la galerie Clark, Montréal, ainsi que Cailloux, à la galerie Interface, Dijon. En 2008 il a fait une exposition personelle à la Villa Arson (Nïmes). Elle a réuni dans la galerie carrée quelques pièces fondamentales de l’artiste, dont Lazy Susan, Aero Air, Table à imprimer, Chocolat ou Fewafuel (jeu de mots avec fire/earth/water/air et fuel), produite en 1970 par la Cummins Engine Company, 1ère entreprise américaine de fabrication de moteurs diesel. L’oeuvre est justement composée d’un moteur en activité dont les traces nocives de combustion sont stockées dans une boule en pyrex reliée au tube d'échappement. A l'époque, la pièce fit scandale car elle mettait à jour les effets polluants des moteurs produits par l’entreprise mécène. Elle fut retirée au bout de quinze jours d’exposition. Elle sera réactivée pour l'occasion dans le jardin de la Villa Arson.



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Eric Joisel, le roi de l'origami, est mort

Eric Joisel, le roi  de l'origami, est mort

L'artiste origamiste est décédé à l'âge de 53 ans.  
Site Eric Joisel

Eric Joisel savait transformer une feuille A4 en hérisson ou en personnage.

 
Décédé à Argenteuil le 10 octobre dernier à 53 ans d'un cancer du poumon, Eric Joisel s'est illustré comme le plus grand origamiste français, reconnu par ses pairs partout dans le monde. Le New York Times a d'ailleurs fait écho de la nouvelle -tandis que l'information n'a pas ou peu été relayée chez nous. 
Eric Joisel, le roi  de l'origami, est mort
Après avoir suivi des études de droit et s'être d'abord consacré à la sculpture sur bois, glaise ou pierre, Eric Joisel se lance dans l'origami, lorsqu'il découvre l'autoportrait d'Akira Yoshizawa, origamiste moderne japonais. C'est un art du pliage du papier qui vient du Japon. Sans découpe ni colle, ce dernier prend forme. S'ensuit alors une quête des différents procédés de pliage pour rendre ses créations toujours plus réalistes. Ce n'est qu'à partir des années 2000 qu'Eric Joisel, qui jusqu'alors pliait des animaux ou des visages, commence à donner vie à des figurines. Il se fait remarquer grâce à ses sculptures en 3 dimensions et ses épatants effets de relief, différents de ceux de l'origami traditionnel. Un art qu'il a travaillé durant 35 ans. Il a d'ailleurs admis avoir mis...six ans à concevoir un hérisson de papier. 

Eric Joisel, le magicien de l'origami, est décédé

Chacun de ses pliages est une véritable sculpture de papier. Entre les mains d’Eric Joisel un carré de papier pouvait devenir un coquillage, un arbre ou un personnage du Seigneur des anneaux. Hommage à un grand maître de l’origami.


Eric Joisel au milieu de ses créations originales. (Vanessa Gould) Eric Joisel au milieu de ses créations originales. (Vanessa Gould)
L’origamiste français Eric Joisel, qui laisse une œuvre majeure dans le domaine du pliage, est mort le 10 octobre 2010 à l’hôpital d’Argenteuil à l’âge de 53 ans.
Né le 15 novembre 1956, benjamin d’une fratrie de cinq enfants, Eric Joisel développe très tôt un goût pour le dessin, la sculpture et le modelage de la terre. Abandonnant des études de droit, il découvre sa voie dans les années 1980 en voyant un pliage exceptionnel : l’autoportrait d’Akira Yoshizawa, père de l’origami moderne, cet art du pliage du papier sans découpe ni collage. Très vite passionné par cet art japonais, il explore durant une dizaine d’années toutes les techniques de pliage et participe à de nombreuses expositions.

Le pli courbe

C’est vers 1995 que ses premières créations sont remarquées. Il se démarque de l’origami traditionnel par une mise en trois dimensions se rapprochant de la sculpture et par l’apparition du pli courbe, particulièrement dans ses masques. Une autre particularité est son souci de «l’économie» de papier. Contrairement à nombre de techniciens du pli, il juge indispensable que le moins de papier possible soit «caché» à l’intérieur d’un modèle. Cette démarche très complexe demeurera une obsession  tout au long de son œuvre.



VOIR LA GALERIE PHOTOS
Quelques semaines avant sa disparition, alors qu’il pensait rentrer chez lui et se remettre au travail, il avait choisi et commenté les photographies de la galerie que nous vous présentons. Il avait été, à Sciences et Avenir, notre conseiller pour les articles que nous avons consacrés à l’origami.







La recherche de réalisme l’incite aussi à la création de patines créant l’illusion du vrai. Insatiable chercheur, il explore toutes les possibilités offertes par la délicate technique du wet-folding (pliage du papier humide). Bien que la singularité de son univers créatif ainsi que l’originalité de ses méthodes de pliage soient déjà reconnues, il ne parviendra jamais, en France, à vivre de son art.

C’est pourquoi, parallèlement à ses recherches, il sera un infatigable et généreux enseignant, surtout avec les enfants à qui il adorait apprendre l’oiseau qui bat des ailes.
En 1998 il rendra la politesse à Akira Yoshizawa qui l’avait invité au Japon pour présenter ses œuvres en rassemblant au Carré du Louvre les plus grands plieurs mondiaux autour du maître japonais. Cette exposition reste le principal événement en France, dans le domaine de l’origami.

Improvisation

Dans les années 2000, il concentre ses recherches sur des formes anthropomorphes et affine ses techniques de pliage pour créer ses premiers personnages qui deviendront de plus en plus réalistes. C’est le début d’un processus de création époustouflant pour les techniciens de l’origami traditionnel. Jusqu’à lors, la genèse d’un modèle nécessitait des recherches aux étapes notées et détaillées, au terme desquelles les modèles étaient reproductibles à l’aide de diagrammes (séquences successives de plis très précis). Eric Joisel, de son côté, laisse de plus en plus de place à l’improvisation: il réalise ses figures parfois en un seul jet. C’est pourquoi il n’existe pas de diagrammes précis de ses dernières œuvres. Il n’a laissé que quelques notes, qui seront des pistes à interpréter pour ses successeurs.

Tissus plissés et drapés

Il parvient également, et toujours dans une seule feuille de papier, à doter ses personnages de matières –plissés, gaufrages ou cotes de mailles (voir les Barbarians sur son site et notre galerie). Il revient aussi au matériau brut, le papier artisanal, cherchant des couleurs grâce au relief des motifs. La Commedia dell’ arte est l’aboutissement de cette démarche.

Durant cette seconde période, la reconnaissance de son exceptionnelle virtuosité viendra surtout de l’étranger, du Japon, des Etats-Unis et de pays européens (Grande-Bretagne, Espagne). Ses pairs, conscients qu’il avait révolutionné l’art du pliage, le qualifiaient de magicien du pliage, de génie, ce à quoi il répondait dans son immense humilité qu’il «n’était qu’un petit plieur de banlieue».




Un livre de Makoto Yamaguchi rassemblant l’intégralité des œuvres d’Eric Joisel paraîtra prochainement aux Editions Origami House. Cet ouvrage présentera les pliages, diagrammes et Crease Patterns (notes qui permettent de comprendre la conception d’un pliage). Il contiendra également les derniers entretiens qu’Eric Joisel a accordés à Makoto Yamaguchi.
Photo : Crane’ Viking – 2008. © Eric Joisel et Makoto Yamaguchi – Origami House

Le travail d'Eric Joisel est également présenté sur son site (http://www.ericjoisel.com/).


Yves Clavel
Sciences et Avenir.fr

14/10/10

text3musicians

"If one isn’t an origami folder, it’s difficult to explain the process of conception through to the finished model. The creation process is similar to a scientific method. When designing a person, one begins with the assumption that the four corners of the paper will represent each hand and foot. From that general assumption, a “crease pattern” is developed that blueprints all the folds required for the model. These crease patterns may be modified while the model takes shape. Some of my first creations, like the hedgehog, took 5-6 years to finally develop. Now, years later, the process is a little easier.

'Origami has within it all the possibilities we associate with creative art,' Yoshizawa-sensei once said.

I try to respect the traditional rules of origami, using only one piece of paper and never cutting. The important element for me is modeling the paper. Precreasing and collapsing a geometrical base is not a pleasurable for me. It is merely a required step to arrive at my real work: sculpting.

I have a great respect for 'pure origami', with flat surfaces and nice geometrical conception, but as you can feel looking at my own models, I am much more interested into models 'looking alive', which means for me volume, curved creases and much sculpting.

Mirroring life requires curves, not straight lines."
Eric's orchestra rehearsing in his Parisian studio

"Faeries enjoy music and so do I. Because origami can be so complex and technical, perhaps it should have been possible to create every musician and his instrument from a single piece of paper. The thickness of the paper can make that too difficult. I elected to make each musician 30-cm high and his instrument from single sheets of paper so that I could focus on the attitudes and elegance of each piece. In this way, the well-conceived model can efficiently use the whole surface of the square with no useless parts.

I have always been interested in conceptualizing and realizing models containing different types of surfaces and shapes that can play with the light and give the illusion of different colors. Like a good piece of jazz, every model I create is unique and one-of-a-kind. "
crease pattern
Example of 2 crease patterns for instruments...

instruments: each one piece of paper
The first attempts at instruments. The harp and the tuba will be made later, directly on the characters.

clothes pins help keep the shape
In the first BOJB, I used 4 different CPs to produce the different costumes. But I didn't draw ALL these CPs. Here are two first tries to verify the proportions of the box-pleating grid (Queue-de-Pie' et 'Toge'.)

collapses!!
Collapsed forms ready for modelling and shaping.

Big Origami Jazz Band clarinetist
Every paper, square or rectangle, needs to be 70 to 90 cm. In the first BOJB, I used a foil absolutely perfect for me. Alas, 4 years later, it is impossible to find it in France. I needed to go specifically to Belgium! That's too much trouble. So, I bought about 300€ of material, glued together 8 sheets (washi/alu/tissue), and it worked!!!

Joisel saxiphonist
There are 11 collapses with 6 different colors and 4 different costume bases. The hat is always the same, but can be folded and modelled in many different fashions. The basic costume is about 26 x 26 cm. Sometimes I substituted washi with Lokta.

tuba player
The most difficult instrument to fashion is the tuba or helicon. The Dwarf wears a "beret français" ! (strange, isn't it ?), and a fourth type of costume.

Stephane Grappelli
The 8th musician is the violinist with his costume "Queue de pie".